mercredi 21 septembre 2011

Running Man de Stephen King


La dictature et les jeux : la Rome antique avait ses gladiateurs... Les États-Unis, en cette année 2025, ont le Libertel, arme suprême du nouveau pouvoir. Émission vedette de la chaine unique : « La Grande Traque ». Et le peuple, les yeux rivés sur le petit écran, regarde la mort en direct.
Chômeur, comme tant d'autres, Ben Richards s'est engagé dans la compétition. Commence alors le compte à rebours... Pendant trente jours, Ben devra fuir les tueurs lancés à ses trousses. Le jeu n'a pas de règles, tous les coups sont permis. La foule participe, dénonce, s'acharne : la prime est alléchante...
Hallucinante course contre la peur, la délation, la mort.
D'autant plus terrifiante que la fiction d'aujourd'hui est peut-être l'histoire de demain...

On peut aisément avoir un sourire gêné à la lecture de ce résumé trouvable au dos d'une ancienne édition de poche, tant les dernières lignes dépassent leur statut de conclusion choc pour devenir une véritable sentence prophétique à l'aune du paysage médiatique actuel. Au sein d'une bibliographie aussi foisonnante que celle de Stephen King, Running Man n'est pas à proprement parler une œuvre majeure. Elle mérite pourtant qu'on s'y attarde tant ce roman pétri de qualité, s'avère une œuvre avant-gardiste intelligente et perspicace tout en offrant un récit incroyablement haletant.

Récit de jeunesse publié initialement sous son pseudonyme Richard Bachman, Running Man boxe dans un genre peu familier de l'auteur plus enclin à nous terrifier qu'à nous secouer quant à la situation et l'évolution de notre société. C'est d'ailleurs un trait commun avec d'autres œuvres écrites sous son pseudo tel que Chantier, Marche ou Crève (dont le contexte très proche de celui de Running Man peut facilement laisser penser que ces deux histoires se déroulent dans le même univers) ou bien encore Rage. Alors que le lecteur est plus habitué à découvrir une histoire de monstre au sein d'une petite ville du Maine, voilà que King nous décrit ici une société au bord de l'explosion. Sous un vernis craquelant de démocratie, nous découvrons une dictature portée par une élite bourgeoise qui arrive à manipuler le peuple grâce à la télévision ironiquement renommée le Libertel. Devenue un outil de manipulation autant qu'un opium pour le peuple, la petite lucarne (dont la loi rend la présence obligatoire dans chaque foyer) diffuse informations truquées, publicités et jeux divertissants pour une masse de mécontents. Pris dans un cercle vicieux, ils voient dans le Libertel un moyen d'améliorer leurs vies et deviennent les candidats d'une machine impitoyable qui va les broyer afin de continuer à maintenir le peuple dans ses illusions.

Si Running Man à travers son personnage principal s'intéresse avant tout à La Grande Traque le jeu vedette du Libertel, nous découvrons au fil du récit d'autres jeux moins importants (Sacrés FusilsVous l'aimez très chaud ? Ou bien encore Le Moulin de la fortune dans lequel un malade du cœur ou un estropié doit répondre à des questions tout en courant dans un moulin tel un hamster) mettant bien en évidence l'unique valeur marchande que donne la société aux laissés pour compte. Si ce statut de candidat-objet façonné pour rentrer dans le moule d'émissions qui les broiera après avoir diverti le public était intéressant à la sortie du roman, il devient terrifiant à une époque où la télé-réalité monopolise les télévisions du monde entier et a déjà envoyé ad patres des candidats avides de reconnaissance médiatique dont la vie dépend d'un public qui appuiera sur la touche 1 en guise de lever de pouce pour faire durer son favori.

Ces versions modernes de jeux du cirque atteignent leur paroxysme avec La Grande Traque. Un show unique dont le terrain de jeu n'est rien de moins que le pays entier et où le candidat joue sa vie pour remporter une prime aussi importante qu'inatteignable. Chaque soir, le spectateur se repaît de la traque d'un homme banal présenté comme un être monstrueux par les médias. Chaque jour qui passe le candidat voit sa cagnotte augmentée mais c'est la mort assurée s'il se fait attraper par les chasseurs mandatés par la Fédération des Jeux. Une mort spectaculaire, sanglante et en direct afin d'abreuver le spectateur de sa soif de sang. Cerise sur le gâteau, ce dernier peut participer au jeu et gagner une prime s'il aide les chasseurs dans leur traque en fournissant des informations sur la cachette du fugitif. Qu'importe que ce dernier ne soit qu'un fantasme crée par la télévision pour faire peur au public quand argent et célébrité - même éphémères - sont à la clé. Tout en démontrant que l'utilisation d'un bouc émissaire est un moyen efficace pour manipuler les gens, Running Man montre également la facilité avec laquelle les médias télévisuels arrivent à créer de toute pièces ces boucs émissaires. Une facilité tellement énorme qu'on en vient à se demander si le spectateur n'accepte pas d'être complice de ce système tant que celui-ci ne perturbe pas son statut quo. Là encore nous ne sommes pas loin d'émissions du type Secret Story et Loft Story qui, sous couvert de réalité, ont créé des personnages et des situations de toutes pièces, engendrant un succès qui se prolonge grâce à la presse à sensation et un public qui, bien que conscient des ficelles de ces shows, n'en ait pas moins un complice conquis.

Comme vous pouvez le constater, le livre Running Man n'a donc pas grand chose à voir avec le film. Bien que reprenant ici et là des éléments du bouquin comme l'aspect média-spectacle, le film est avant tout un pur produit des années 80 et un véhicule pour la star de l'époque Arnold Schwarzenegger. Finie la traque impitoyable dans tous les États-Unis et bonjour à une espèce de course-poursuite au sein d'une arène fermée. Oublié Edward McCone que la banale apparence et le professionnalisme rendait encore plus terrifiant, celui-ci est remplacé par une galerie de monstres de foire ridicules qu'Arnie n'aura aucun mal à battre entre deux bons mots. Running Man le film est aujourd'hui un film gentiment ridicule tellement il est ancré dans les travers de son époque. On n'en garde pas moins un goût amer dans la bouche quand on se rend compte que cette adaptation participe au système que le livre dénonce. Si Stephen King avait envisagé un acteur comme Christopher Reeves pour incarner Ben Richards, c'est parce qu'il savait que la force de son  intrigue proviendrait avant tout de la nature banale de son personnage principal (tel que l'est Clark Kent, l'alter-ego de Superman personnage incarné par Reeves au cinéma), rendant par là même sa traque encore plus haletante. Car au delà du message contestataire que veut faire passer le roman avec plus ou moins de subtilité, il y a avant tout une course-poursuite qui vous tient en haleine du début à la fin.

En divisant son récit sous la forme de cent chapitres numérotés comme un compte à rebours, King nous plonge immédiatement dans un rythme soutenu qui prend rarement une pause. Les chapitres sont courts, les échanges sont vifs et Ben Richards doit faire face à énormément de péripéties dont l'intensité va continuellement en s’accroissant. Tout est donc fait pour tenir en haleine le lecteur. On distingue trois parties dans le livre : l'inscription aux Jeux, le début de La Grande Traque et le final avec l'otage de Richards. Chaque nouvelle partie correspond à une accélération du rythme de l'histoire mais également à un changement chez Ben Richard. Présenté comme un être banal mais profondément asocial, Richard va prendre de plus en plus conscience de son environnement et de son pouvoir au fur et à mesure de ses rencontres. S'il démontre un penchant pour la provocation lors des tests de candidature, ce n'est que lors de sa traque qu'il prend goût à la comédie. Alors qu'il ne se souciait que de lui-même et de sa famille, c'est en découvrant la réalité quant à la pollution engendrée par les usines, qu'il profitera du jeu pour alerter, sans succès, la population sur les mensonges de l’État. Enfin, bien qu'il démontre tout au long du récit une intelligente certaine, ce n'est que dans le face à face final avec McCone qu'il va dérouler des trésors d'ingéniosité pour gagner. Parallèlement à son évolution on assiste également à un changement dans la population. Véritables moutons au service de l'ordre établi (les examens déshumanisants pour participer aux Jeux), les prolos vont prendre de plus en plus conscience de leur pouvoir et de leur importance. Il aura fallu pour cela une étincelle appelé Ben Richards qui, dans un final aussi apocalyptique que terrifiant aujourd'hui, va mettre le feu à une poudrière qui ne demandait qu'à exploser afin de renverser un ordre injuste qui a fait son temps, marquant ainsi le changement d'une époque.

mardi 30 août 2011

La Brigade Chimérique

Nés sur les champs de bataille de 14-18, dans le souffle des gaz et des armes à rayons X, les super-héros ont pris la relève des « gentilshommes-justiciers » de la fin du XIXe siècle ainsi que le contrôle des grandes capitales européennes. Les feuilletonistes ont fait d'eux des icônes. Les scientifiques sont fascinés par leurs pouvoirs. Pourtant, quelque part dans les Alpes Autrichiennes, une cité jaillie de nulle part annonce une menace qui risque d'effacer jusqu'au souvenir de leur existence.





Un prologue, 10 épisodes et un épilogue, 22 pages à chaque fois et le tout réuni dans 6 tomes, c'est sous un format très comics-book que vont s'étaler les aventures de La Brigade Chimérique et le projet ambitieux de ses auteurs (Gess au dessin et Serge Lehman et Fabrice Collin au scénario). Ce projet ? Apporter une réponse par la fiction à la disparition des surhommes européens et à l'apparition des super-héros américains à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi l'histoire de La Brigade Chimérique est une allégorie fantastique qui va puiser son inspiration dans des événements historiques réels vus sous un autre éclairage mais également sur les mythes et la culture populaire européenne. On pense beaucoup à La Ligue des Gentlemen Extraordinaires à la lecture de La Brigade Chimérique puisque, à l'instar de la bande dessinée d’Alan Moore et de Kevin O'Neill, les personnages principaux sont presque tous des personnages de fiction, tel que Le Nyctalope , le Dr Mabuse ou bien encore Gregor Samsa, considérés comme bien réel dans la société où ils évoluent. Mais là où La Ligue des Gentlemen Extraordinaires est avant tout une récréation, La Brigade Chimérique dépasse son postulat de base au fur et à mesure du récit.



Tout en offrant des purs moments d'actions débridés et des passages oniriques remarquables (le dessin est magnifique notamment par la variété des styles employés) l’histoire devient une véritable étude sur l'oubli de sa culture populaire par l'Europe mais surtout par la France. A ce titre le personnage du Nyctalope est une magnifique métaphore d’un pays tellement obsédé par sa gloire passée qu’il ne voit pas les changements venir et accumule les erreurs face au danger que représentent les différentes dictatures montantes. Dans sa deuxième partie, la bande dessinée devient plus sombre et ose un parti pris audacieux et couillu qui pourrait choquer s’il n’en découlait pas d’un raisonnement totalement cohérent et logique. L’utilisation narrative d’une des pires atrocités du XXème siècle dans le récit est clairement la pierre angulaire de toute l’œuvre tant elle définit ce qui s’est passé et préfigure ce qui sera.

Si La Brigade Chimérique est une œuvre incroyablement dense et foisonnante qui fait intervenir un très grand nombre de personnages de fiction et de figures réelles (dont la présence nous donne des clés sur la suite de l'aventure pour peu qu'on les connaisse), le récit a l’intelligence d’être passionnant à lire avec peu de bagages sur les protagonistes. Il donne surtout l’envie d’en connaitre davantage sur cet héritage car au delà de la fiction il y a clairement un message pour le lecteur français pour que celui-ci redécouvre ses racines et recrée une magie qui a continué ailleurs et qui aujourd'hui pourrait resurgir sur notre continent. Et si vous me laissez continuer à écrire je vais partir dans une envolée lyrique aussi magnifique que bouleversante et clamer haut et fort que tout créateur de fiction est un bâtisseur de la prochaine Brigade !!! Prend ton crayon camarade, aiguise ta plume ma sœur, les Chimères sont prêtes à revenir ! 


 
Et avant d’aller en pèlerinage dans La Comté mon Auvergne natale en compagnie de ma charmante épouse et de mon sac rempli de films, séries, romans et BD, je vous conseille, si vous voulez en savoir plus sur cette oeuvre, de filer sur le blog de Rom1, un camarade madnaute de longue date qui m’a conseillé de lire La Brigade Chimérique et que je remercie chaleureusement.

jeudi 18 août 2011

Captain America - Que lire ?


De par sa nature, Captain America est un super-héros qui prête souvent à sourire quand il ne suscite pas le mépris voire le rejet pur et simple. Pourtant la lecture des bd qui lui sont consacrées nous montre un personnage différent des clichés qui lui sont accolés. Bien loin de la figure nationaliste qui lui colle à la peau dans notre hexagone, Captain America est probablement l’un des super-héros par excellence. Défenseur de valeurs et d’idéaux, il n’a de cesse de lutter contre ceux qui voudraient les bafouer tels que les ennemis charismatiques que sont Crâne Rouge, le Baron Zemo ou bien les organisations tentaculaires comme l’Hydra ou l’A.I.M. Sous la plume et les pinceaux d’auteurs de talents, Captain America se révèle être tout simplement, une formidable série d’action et d’espionnage dantesque ainsi qu’une tribune politique pour certains auteurs. On pense notamment à l’arc que Steve Englehart  écrivit durant le scandale du Watergate où Captain America lutte contre un Empire Secret dont le chef s’avère être le Président des Etats-Unis.

Avec la sortie du film Captain America – The First Avengers, l’occasion est trop belle pour découvrir véritablement le personnage et profiter de la lecture de passionnantes aventures. Petite sélection des (pas forcément) récentes sorties.


Captain America – L’intégrale 1964/1966 par Stan Lee et Jack Kirby

Jack Kirby ressuscite le personnage qu’il avait crée en 1940 et le fait vivre au sein de l’univers Marvel tel qu’il l’a bâti quelques années plus tôt. Cette intégrale regroupe le début de la série. Un ensemble d’histoires courtes (la série était publiée dans le mensuel Tales of Suspense avec Iron Man) où Captain America va lutter contre des dizaines d’ennemis plus terribles les uns que les autres. Une entrée en matière de choix pour qui veut connaitre le personnage et un ouvrage indispensable du fait du talent de son dessinateur.


Marvel Classic N°3 par Stan Lee, Jack Kirby et Steranko

Ces épisodes suivent de près ceux édités dans l’intégrale 1964/1966. La série acquiert son propre mensuel. Cap va trouver dans la personne de Rick Jones un nouveau partenaire et va combattre le Dr Faust, L’hydra et Hulk. Les épisodes de Steranko sont magnifiques et les histoires offrent de purs moments de baston assez incroyables.


Captain America – La légende vivante par Roger Stern et John Byrne

Réunissant tous les épisodes du duo, ce volume offre son lot de baston homérique (notamment contre Mr Hyde et Batroc) tout en mettant plus en avant la vie privée de Captain America. Le sommet de ce volume se trouve dans l’épisode où, suite à une manœuvre médiatique, Captain America est plébiscité pour devenir candidat à l’élection présidentielle. L’occasion de constater que le personnage n’est pas un outil de propagande d’un gouvernement mais l’étendard de nobles valeurs et le miroir de tout ce qu’il y a de bon en l’homme.


Captain America, le retour par Mark Waid et Ron Garney

Mark Waid fait partie des auteurs qui ont marqué le personnage durant toute la période où il écrivit ses aventures. Ce volume compile les premiers épisodes faisant suite à l’événement Heroes Reborn* dans lesquels un Captain America que tout le monde croyait disparu doit lutter contre l’Hydra et doit faire face à une Capmania d’ampleur gigantesque et aux conséquences catastrophiques quand un ennemi l’utilisera pour provoquer un chaos national. Si la deuxième partie du run de Waid et Garney est considérée comme moins bonne que la première, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une très bonne histoire ainsi qu’une excellente porte d’entrée dans l’univers d’un Captain America plus moderne.



Marvel – Les Grandes Sagas par Mark Waid et Andy Kurbert
 
Cette BD regroupe les épisodes qui font suite à ceux compilés dans Captain America – Le Retour. Dans cette aventure dessinée par le très bon Andy Kubert, notre héros devra lutter contre une créature nommée Cauchemar qui arrive à contrôler les gens via leurs rêves. Même si un poil foutraque, l’intrigue réserve quelques bons moments.



Captain America par Ed Brubaker, Steve Epting et Mike Perkins
 
Enfin si vous n’êtes pas réfractaire à la version originale, je ne saurais trop vous conseiller cet omnibus qui regroupe les épisodes de Captain America depuis sa reprise par Ed Brubaker jusqu'à l’événement Civil War (les super-collants se battent entre eux pour une raison à la con) qui vit la mort de Steve Rogers. Probablement un des meilleurs périodes du personnage en plus d’être un des meilleurs comics de son époque. Les épisodes sont passionnants notamment par les allers-retours entre l’action présente et des événements du passé et un supporting cast passionnant. Cette série a le génie d’arriver à offrir des purs concepts de comics-books (le retour de Bucky) dans un écrin moderne et de toute beauté (comprendre « ça rebutera pas ceux qui kiffent Ultimates et qui trouve que les comics c’est trop gamin avant »)


* Suite à une grande bataille, plusieurs héros de la Terre (Captain America, Iron Man, Les Fantastic Four et Captain America, Iron Man et les autres Vengeurs) renaissent dans un univers parallèle. Lancé en 1996, cet événement éditorial destiné à reprendre au numéro 1 certaines séries en perte de vitesse fut un échec complet et les héros concernés revinrent à l’univers Marvel officiel un an après.

mercredi 25 mai 2011

Grant Morrison - (R)évolutions. Entretien avec Yann Graf

Bonjour Yann et merci à toi de combler ma curiosité en répondant à mes questions. Je précise qu'au moment où nous discutons je n'ai pas encore lu ton livre et qu'il est probable que certaines de mes questions trouveront leurs réponses dans ton ouvrage. Dans ce cas tu as le droit de me répondre : "lis le bouquin connard". Pour les personnes qui ne te connaitrait pas tu as 33 ans, tu as une formation d'archiviste, tu as été libraire, tu as collaboré à la revue Versus et tu traines tes guêtres depuis des années sur la toile où tu nous conseille notamment en lecture super-héroïque. Récemment tu as mis en ligne sur le site superpouvoir.com une analyse foisonnante de Batman de Grant Morisson on pourrait donc dire que Grant Morrison : (R)évolutions et la suite logique de ces écrits. 


Avant tout de choses je renvoi le lecteur à l'entretien que tu as accordé à l'excellent site France-Comics qui revient très bien sur la genèse et l'aspect créatif de l'ouvrage.

=> Entretien France-Comics



A la veille de la sortie du livre et après tout ce travail, ma première question va être très bateau. Alors heureux ?

Réponse bateau : oui, bien sûr :)

Grant Morrison a une réputation d'auteur aux œuvres difficiles à lire car très foisonnantes et composées de multiples niveaux de lecture. Réputation infondée ?

Oui et non. Oui, parce qu’il y a effectivement plusieurs niveaux de lecture, qu’il aime brouiller les pistes entre réalité(s) et fiction(s), et qu’il utilise souvent des styles à contre-courant de la production régulière. Néanmoins, je pense qu’une grande partie de cette réputation vient du fait qu’il brise les habitudes de lecture : on est souvent en présence d’œuvres finies, complètes… des cycles. Du coup, c’est souvent au dernier épisode que se révèlent certains aspects importants du récit. Mais de plus en plus de lecteurs « saisissent » la démarche : il n’est qu’à voir tous les blogs qui cataloguent les références cachées ou non dans ses histoires. Donc je dirais qu’il a un aspect ardu mais qui est bien moins présent à la lecture. La réputation est comme d’hab’ un peu exagérée.

Je trouve que l'une des forces de la collection est que les ouvrages qui la compose arrivent à s'adresser autant au néophyte qu'au fan et qu'isl donnent vraiment l'envie de découvrir les oeuvres des auteurs traités. Dans le cas de Grant Morrison tu conseillerais quelle oeuvre pour découvrir le bonhomme ?

C’est toujours une question risquée parce qu’il a évolué dans différents styles et s’est renouvelé au gré des époques. Le Morrison des 80s n’est pas le même que celui des 2000s : c’est pourquoi la 1e partie est divisée suivant ses différents « avatars ». Un peu comme David Bowie qui s’est recréé au fil des époques. 

L’un dans l’autre, je dirais qu’Animal Man a plusieurs aspects pratiques : non seulement, il n’y a que 26 numéros (trois TPB), mais  le dessin est clair et efficace même si peu stylisé et il a le mérite d’expliquer la « méthode Morrison » par le biais du scénariste lui-même qui s’invite dans le titre.

Toi même tu te rappelles la première histoire que tu as lue de lui ?

Arkham Asylum, comme à peu-près tout le monde à la même époque, après la sortie du film de Tim Burton.

Ce fut le coup de foudre immédiat ou le talent du bonhomme s'est imposé à toi peu a peu ?

Oh non, ce qui m’intéressait, à sa sortie, c’était moins l’auteur que de pouvoir enfin « racheter du Batman ». Après la disparition de Sagédition dans les années 80, j’étais en manque :)
 
Et c’est encore aujourd’hui, une de ses réalisations qui me parle le moins (même si j’adore ce que fait McKean). Ca reste néanmoins un bon album de cette période de frénésie autour du « graphic novel », cette recherche de respectabilité : « hey, on parle de nous dans la presse, si on montrait qu’on a lu des livres ? »

J’ai raté la sortie des Invisibles et c’est un article d’Olivier Thierry dans Scarce qui m’a fait découvrir la série. La première série à laquelle j’ai vraiment accroché, c’était JLA. C’était pile dans mes obsessions de l’époque : j’en avais plein le dos de cette période foireuse pseudo-adulte, qui tournait encore plus à vide avec les premières séries Image, et il y avait toute cette atmosphère, particulièrement chez DC Comics, de frénésie créatrice. La baisse des ventes avait été libératrice : les auteurs testaient sans essayer de singer Miller ou Moore, c’était une bouffée d’air frais : Busiek, Waid, Peyer, James Robinson et son excellent Starman… ça n’a pas duré longtemps, bien sûr, ça a été repris par le système, mais c’était vraiment plaisant à lire et à suivre.




J'ai l'impression qu'à part dans le cercle des amateurs de comics, Grant Morrison est moins connu que ne l'est Alan Moore. Le fait que la majorité de sa production actuelle soit consacrée aux super-héros mainstream ne le dessert-il pas ?

Y a deux points dans ta question.

Pour ce qui est d’Alan Moore, je pense que « le problème » de Morrison, c’est qu’il arrivera toujours en second, Moore a le privilège de l’ancienneté. Sans Moore, on n’aurait pas eu Morrison, même s’il bossait déjà sur les mêmes thèmes dans ses premières séries, c’est Moore qui a permis que plusieurs scénaristes se disent «OK, on enlève les gants maintenant ! ». 

Pour ce qui est du « cercle des amateurs de comics », c’est malheureusement un cercle qui se restreint au fil des années pour plein de raisons. Malgré les références aux anciens épisodes, je pense que Morrison sur plusieurs séries, peut arriver à toucher d’autres publics que les lecteurs ayant débuté y a trente ans avec Strange ou Superman poche. Le fait d’avoir des cycles, comme je le disais plus haut, ça permet au lecteur de sentir que l’histoire vaut le coup d’être racontée donc d’être lue. 

Maintenant, oui, l’aspect super-héros qui est très présent (même dans les séries Vertigo) est peut-être un frein : ce qui expliquerait les choix en vf de présenter plutôt Mystery Play ou Kill your boyfriend que Seaguy ou Vimanarama… Je ne sais pas quoi te répondre sur ce point : le concept de super-héros rameute les foules dans les salles mais continue de rebuter dans les librairies, c’est une vraie question et il y a plein de facteurs à prendre en compte…

Grant Morrison et les dessinateurs ça fonctionne comment ? Je crois savoir qu'il fut lui-même dessinateur. Pourquoi ne s'est-il consacré qu'à l'écrit ? 

Pour des raisons de santé au départ : il a expliqué dans une interview qu’il a chopé un glaucome à l’œil au début de sa carrière, quand il réalisait l’intégralité de ses bandes (il réalisait notamment un strip de presse : les délais de productions étaient assez intenses). Il n’a publié que quelques pages depuis, par exemple dans un numéro des Invisibles en 2000. 

Par contre, il continue à dessiner et notamment des essais de couvs, de costumes, de designs pour ses séries (tu peux trouver quelques exemples dans les TPB Final Crisis ou Batman &Robin). Dans le documentaire de Patrick Meaney, Talking with Gods, il explique ainsi qu’il réalise des croquis en amont puis les « traduit » en mots pour ses scripts. L’extrait est passionnant puisqu’il y montre un carnet d’esquisses, remplis d’idées, de notes…

Il n’est pas rare de trouver des scénaristes ayant eu une expérience du dessin : Steve Englehart ou Alan Moore, par exemple… Ca explique également pourquoi leurs réalisations sont si prenantes : ils pensent également en termes d’images. La narration coule plus facilement, le lien entre les dessins et les descriptions ou les bulles visent plus l’efficacité. C’est pour cela que Morrison peut chercher à condenser énormément d’infos dans une case (voire comme dans Final Crisis, des pans entiers de sagas cosmiques). C’est la recherche d’une forme complexe à l’origine de la BD.

Grant Morrison est souvent associé à Frank Quitely et ils font souvent des merveilles à tel point que j'en viens à croire que seul ce dernier arrive à retranscrire les propos de Grant Morrison. Je me trompe ?

En fait, dans l’élaboration du livre, Raphaël Colson a donné une place importante aux illustrations de Quitely et je termine le livre sur une analyse d’All-Star Superman… on peut dire que oui, c’est le dessinateur parfait de Morrison : le talent de Quitely c’est de pouvoir être entre le réalisme (les décors méticuleux, la recherche dans les gestes et les expressions) et la fantaisie (les corps sont déformés, les pouvoirs sont mis en valeur comme « naturels »).  Les allers-retours de Morrison entre les deux styles, souvent au sein de la même BD, sont vraiment matérialisés par le dessin.

L’un de mes regrets au niveau du livre, c’est de ne pas avoir pu décrire plus en avant le dessin de Steve Yeowell, notamment sur la phase III de Zenith, dans laquelle il prend une esthétique de photo de mode des années 80, et donne l’impression que certaines cases sont des pochettes de vinyle. C’est impressionnant.




Morrison préside à la destinée de Batman depuis sept ans il me semble. Actuellement il écrit Batman Incorporated. Tu le vois encore longtemps se consacrer au personnage ? Tu sais s'il a des projets dans ses cartons qui ne demandent qu'à être concrétisés ? J'ai notamment entendu parler d'une suite à All Star Superman ?

Ca fait déjà deux fois qu’il doit quitter Batman et qu’il relance une intrigue, alors pourquoi pas une troisième ? Il a parlé de Multiversity qui explorerait les terres parallèles de DC, et que ses « suites » à All-Star Superman, consacrées aux enfants de Superman et Batman (pas ensemble, hein !), y seraient intégrées, je crois. 
Mais il a surtout dit au cours d’une interview qu’il avait une histoire sous le coude concernant Flash. Et ça, ce serait un vrai bonheur.

Le parcours de Captain America depuis la reprise par Ed Brubaker ressemble beaucoup à celui de Batman. Coïncidence ? 

Oui, je pense ; Brubaker a aussi comme méthode de revenir aux sources et de sortir des personnages ou concepts obscurs du passé des séries qu’il reprend. Et en ce moment, on est dans une période floue pour les auteurs de comics : les personnages sont connus, les BD ne se vendent pas… Il y a une volonté encore plus grande que dans les années 80 de « déconstruire/reconstruire » les héros, voir ce qui fonctionne et ce qui peut-être rénové. Maintenant, je me demande si le voyage dans le temps de Captain America dans « Reborn » était bien celui prévu au départ (y avait des indices sur un pistolet qui fait voyager dans la zone négative mais Civil War a du modifier certains plans). L’important c’est surtout qu’on a droit à deux très bonnes séries sur ces personnages.

Tu es un immense fan de Frank Miller. A ton avis, y a t-il des points sur lesquels ces deux artistes se rejoignent ou ils sont plus opposés qu'autre chose ?

Y a un peu des deux : Morrison a taclé plusieurs fois Miller sur le côté macho-homo refoulé du style Miller, mais plus sur un ton rigolard qu’autre chose (il pastiche très bien ce style). Il l’a aussi allumé sur ses opinions, puisqu’ils sont aux antipodes pour ce qui est de l’échiquier politique. Ils ont un fond de contestation anar’ et ils viennent de milieux modestes, ce qui leur a donné une vraie conscience de la lutte des classes mais, pour caricaturer, on peut dire que Miller chie sur les hippies et Morrison vient de ce milieu baba-cool.

Par contre, on retrouve des motifs similaires (et le livre de Jean-Marc Lainé est à ce titre passionnant dans ce qui est de l’étude de la vision politique de Miller). Par exemple, le thème de l’éducation et de la transmission : il y a cette idée que les actes présents vont avoir des répercussions sur les générations futures, qu’on risque d’aller droit dans le mur (la fixette sur l’Apocalypse), et qu’on s’inquiète de la jeune génération, qui apparait toujours plus violente/bizarre… 

Ensuite, Miller est plus pessimiste que Morrison, je pense : Miller a une vision très noire, jusqu’au-boutiste. Par contre petit à petit, Morrison est devenu plus « optimiste » avec le temps (passée l’ère Thatcher en fait), plus indulgent avec ses personnages… plus détaché aussi : c’est pas le choix binaire « happy end »/ « fin déprimante », on trouve souvent des fins ouvertes. Toute fin est un recommencement. 

Dans l'itw de France-Comics, j'ai beaucoup aimé ta réponse quand on t'a demandé si tu avais tenté de contacter Grant Morrison. Toutefois maintenant que l'ouvrage est sorti et si tu avais l'occasion de le rencontrer tu lui demanderais quoi ?

Je ne sais pas… « Voilà le bouquin, j’espère que j’ai pas dit trop de conneries » ? :)

Et si tu rencontrais Joe Michael Straczynski ?

« Ca dérange si on commence Babylon 5 sans avoir vu les 4 premiers ? », et ensuite je m’enfuirai en courant et en riant à gorge déployée…

Parmi les prochaines sorties des Miroirs quels sont les ouvrages que tu attends le plus ? Pour ma part j'ai hâte de lire celui sur Stan Lee mais quelque chose me dit que celui consacré à Ditko retient plus ton attention.

Oh, tous les ouvrages prévus m’intéressent : Wally Wood, Ditko, Stan Lee, Ellis… C’est juste du bonheur.

En parlant du futur, tu as confirmé que ton prochain ouvrage serait consacré à John Byrne. Une approche différente que celle sur Grant Morrison ?

Oui, complètement : l’avantage de Byrne, c’est qu’il a été énormément traduit en France. Même ses Next Men l’ont été il y a peu dans deux très imposants albums (c’est rudement conseillé d’ailleurs). Et puis Byrne, c’est différent : c’est du pur comics traditionnel dans le sens où pour lui, la ligne d’horizon c’est Lee & Kirby. Avec le livre sur Morrison, l’optique c’était de défricher pour le plus vaste public possible, avec celui sur Byrne, ce sera surement plus intime, plus personnel, plus « ancien lecteur de Strange ».

C’est aussi pour cette raison que j’étais content de débuter par Morrison : c’est de la lecture plus tardive, moins lié à l’enfance. J’y suis moins attaché émotionnellement. Dans le livre de Jean-Marc sur Miller, il y a cet aspect-là que j’ai trouvé vraiment émouvant.




Une ou deux questions d'ordre plus général si tu veux bien. Depuis que tu lis des comics tu as constaté une évolution positive de l'image du comics-books en France ou beaucoup de choses restent à faire ?

Pffffffffff…. C’est compliqué. Il y a un potentiel fort de lecteurs de comics, mais qui sont rebutés par l’aspect « cercle d’initiés/communauté sectaire » qui n’est pas à mon avis présent chez les lecteurs de mangas (je me trompe peut-être, faudra confirmer ou infirmer). Et j’en parle avec d’autant plus d’honnêteté que je fais partie des vieux râleurs.

Ce qu’ils ont réussi à faire, notamment en jouant sur les sorties des films, c’est faire revenir des anciens lecteurs, en leur disant « ce que vous aimez, plus jeune, existe encore et s’est adapté aux changements sociaux et politiques. Et en plus, on vous rééditera ce que vous aimiez à l’époque ». Mais je continue de penser qu’il y a beaucoup à faire pour attirer des publics différents et notamment le public féminin. Et ça passe par des éléments qui nous paraissent anodins, parce qu’on a le nez dedans depuis longtemps : des questions de format, de présentation, d’informations.

Rayon Cinéma. T’as pas l'impression qu'on arrive au bout de l'adaptation des films de super-héros ? 

Je ne sais pas, ça a l’air de cartonner pas mal. Mais c’est vrai que cette année, on est dans la surdose : on en est à quatre, cinq films par an... Mais là, on va en reprendre pour dix ans, avec les nouveaux Superman, Spider-Man, les Vengeurs et je mets ma main au feu que le prochain Batman va atomiser le box-office. Faut pas oublier que nous, on est vieux : que les spectateurs se renouvellent constamment. On n’est pas le premier cœur de cible.

Tu lis quoi en ce moment que tu nous conseillerais ? 

J’aime beaucoup ce que font Rick Remender, Jonathan Hickman et Gail Simone. Je suis un gros fan de Mark Waid depuis longtemps. Mais ces temps-ci j’ai eu moins le temps de lire des nouveautés : j’ai relu des Justice League International, des Legion of Super-Heroes de Giffen et je me suis mis à Coyote d’Englehart. 

Merci beaucoup Yann et à bientôt 

Merci à toi :)


 

Grant Morrison - (R)évolutions de Yann Graf en vente dans toutes les, très, bonnes librairies et sur les sites des Moutons Electriques.

dimanche 1 mai 2011

Je vais aller voir Thor


Je vais aller voir Thor. Ca vous la coupe hein ? Je vais aller voir Thor. Je vais aller voir Thor. Je vais me bouger le cul, aller jusqu'à mon cinéma, sortir un bifton de 10 euros en rajoutant certainement un peu plus pour cette putain de 3D que huit réalisateurs sur dix sont incapables de bien maîtriser et qu’un seul projectionniste sur quarante arrive à bien projeter. Je vais aller voir Thor. Purée j’ai beau me répéter cette phrase je n’arrive pas à m’enthousiasmer à cette idée. N’allez pas vous faire des idées, je ne suis pas un masochiste ou un cinéphile compulsif qui a besoin d’aller voir tout ce qui sort. Thor fait parti des films qui m’intéressent de part son sujet parce que j’aime les super-héros, et de part son réalisateur. Certes j’ai autant de sympathie ou d’antipathie pour Brannagh que j’en aurais pour une moule marinière mais le simple fait d’avoir un metteur en scène catégorisé comme « auteur » et non pas un réalisateur interchangeable dont les compétences sont brimées par la standardisation (voir un nivellement par le bas) de Marvel Production, titille ma curiosité. Après tout on n’est pas à l’abri d’un opus aussi contesté que le Hulk d’Ang Lee. Je ne me fais toutefois pas d’illusion, de l’eau a passé sous les ponts depuis 2003 et dorénavant il semblerait que, d’un commun accord, tous les studios aient décidé de faire des films d’actions sans action et des films de super-héros sans super-héros.

A l’heure actuelle un des films les plus attendus de l’année prochaine est le projet d’adaptation cinématographique des Avengers, un film racontant les aventures d’un groupe de super-héros composé des stars de Marvel à savoir Iron Man, Thor, Captain America, Hulk et quelques autres. Ce film ressemble méchamment aux grosses séries événementielles que Marvel distille régulièrement. Un projet pachydermique qui parasite les œuvres annexes. Pour prendre un exemple, le scénariste Ed Brubaker dut restructurer son récit sur le comics Captain America à cause des événements survenus dans Civil War. De la même manière il apparaît assez clairement que la médiocrité d’Iron Man 2 est due en partie à la volonté de Marvel de présenter des éléments pour le film Avengers transformant ainsi la suite d’une oeuvre éminent sympathique en une indigeste et inutile introduction au futur film de Joss Whedon. Les personnages d’Iron Man, de Captain America et de Thor étant les protagonistes de ce gros événement ciné, il est à craindre que les films qui leur sont consacrés ne soient eux aussi parasité par cet événement. En effet la réunion de personnages (et acteurs) déjà vus dans les précédents succès de la firme (du moins tel que l’espère Marvel) au sein d’un même film est en soi un buzz potentiellement tellement gigantesque de part son caractère inédit qu’il fait reléguer les autres films (Iron Man 2, Captain America et Thor) au rang d’œuvres satellites et promotionnelles pour The Avengers. Le sous-titre du film Captain America : « The First Avengers »  n’est à ce titre pas anodin. 

Que ces films ne soient donc que des relais promotionnels pour les suivants et non pas conçus comme des projets indépendants justifiant ainsi une certaine uniformisation (et par delà une certaine pauvreté) visuelle et narrative, ne m’inspire donc pas confiance quant à la qualité de Thor et ce d’autant plus que ce dernier est un personnage dont l’intérêt et l’impact dépendent fortement de son média. Ceux qui se sont plongés avec délectation dans les aventures du fils d’Odin à travers les récits de Kirby ou de Simonson savent à quel point un personnage qui vole grâce à un marteau magique risque grandement de perdre de sa superbe en passant sur la toile. Pour un peu la manière dont Thor volera dans le film pourrait être un exemple assez parlant pour illustrer la différence fondamentale entre la bande dessinée et le cinéma. Plus que le traitement d’Asgard, plus que la performance de Chris Hemsworth c’est bien ce point qui titille le plus ma curiosité. Donc…..Je vais aller voir Thor.

lundi 25 avril 2011

vente Flash : Balada Triste de Trumpeta

Je vous ai déjà dit que j’adore Tours, ma ville d’adoption depuis bientôt deux ans ? C’est une ville très jolie, on y mange bien, il y a des bons vins, deux très bons cinémas complémentaires, de très bonnes boutiques de jeux vidéos et quatre excellentes boutiques pour étancher ma soif de bandes dessinées. Il ne manque en fait que mes potes et ça serait le pied total. Message à eux : vous me manquez les amis. Tours propose beaucoup de festivals, d’expositions et d’autres activités qui en font une ville très animée et parmi toutes ces manifestations il y a le Festival Mauvais Genre, un festival de films fantastiques qui a débuté le 21 avril avec en ouverture le magnifique Balada Triste de Trumpeta du réalisateur Alex de La Iglesia.

Je vous ai dit que j’adore Alex de La Iglesia ? Non je ne crois pas, tout simplement parce que j’ai vu trop peu de ses films. En fait avant la petite perle que j’ai vu ce jeudi 21 avril, je n’avais vu que Le Crime Farpait. Une brillante comédie qui est entrée dans mon top 10 de mes films anti blues. Je ne connais donc le bonhomme que de part sa - très bonne - réputation et il est clair qu’à la vision de son dernier film je vais aller découvrir ses précédentes œuvres. 


Balada Triste de Trumpeta est une comédie, un drame psychologique, une chronique familiale, un film de monstre, un récit historique, une histoire d’amour, un film d’action, une œuvre remarquable qui nous conte le périple de Javier un jeune homme qui a vu son père, un clown très populaire, emprisonné par les hommes de Franco pendant la révolution espagnole. Des années plus tard, en 1973, Javier va devenir à son tour un clown et va intégrer un cirque. Au sein de cette ménagerie il fera la connaissance de toute une galerie de personnages aussi décalés que crédibles et notamment, Sergio et Natalia. Sergio est la star du cirque, un auguste qui fait rire les enfants à gorge déployée, elle, Natalia, est la belle trapéziste dont Javier va tomber immédiatement amoureux. Le problème est que Sergio et Natalia vivent une relation destructrice et sadomasochiste, et que Javier va être pris dans les mailles de ce couple quand Natalia verra en lui un excellent moyen d’augmenter sa peur en attisant la jalousie de son homme.





Ce qui pourrait être l’idée pour une comédie classique se révèle être seulement le point de départ pour un voyage dans un train fantôme monstrueux et le socle sur lequel De la Iglesia va développer ses personnages par delà leurs masques pour en faire ressortir toute la beauté de leur monstruosité. Avec un talent que seules quelques rares personnes possèdent, il va nous faire passer tour à tour du rire aux larmes, de la joie à la peur, de la beauté à l’horreur. Parfois le tout dans un même plan. Le rire naissant alors de l’horreur de la situation et réciproquement, jusqu'au plan final qui est l’apothéose de ce jeu d’équilibriste. Il y’a peu de films qui arrivent à atteindre ce subtil mélange et ceux qui y parviennent sont à savourer avec délectation. Héritier des œuvres de Buñuel et de L’homme qui Rit, Balada Triste de Trumpeta fait partie de ces œuvres.

J’avoue sans honte que j’ai beaucoup de mal à écrire sur ce film tellement il est foisonnant et sans une connaissance plus développée de la filmographie du cinéaste. Ce n’est pas important au final car le plaisir est bien là, quand on se laisse prendre la main dans cette montagne russe et qu’on accepte de perdre pied. Ne vous y trompez pas, le 22 juin plutôt que L’élève Ducobu et Omar m’a tuer, c’est ce film qu’il faudra aller voir en salle.


S'il fallait qu'une seule raison pour voir ce film : Carolina Bang

mercredi 20 avril 2011

Vente Flash : Iron Man 2


Quelle blague pas drôle. Nous faire croire qu’on allait voir une suite aussi bien, si ce n’est meilleure, que le premier film pour nous refourguer à l’arrivée une espèce de truc pas terminé d’être écrit et réalisé. Si à l’époque j’accablais Favreau pour le désastre de l’entreprise il semble, avec le temps et la découverte d’info sur la production des films, que le réalisateur ait davantage limité la casse qu’autre chose. Le premier Iron Man fut un très bonne surprise et un chouette film dont les qualités faisaient vite oublier les quelques défauts. Je pense que Favreau et son équipe ont bénéficié d’un certain désintérêt de la Marvel pour pouvoir bien travailler et offrir un film correct, et je pense que le très bon accueil critique et public du film en a surpris plus d’un dans la boite. Forcément  la production du deuxième allait être plus contrôlée et Favreau allait avoir moins d’influence.

Le changement significatif et révélateur de l’omnipotence des studios se retrouve dans la mise en avant du projet Avengers tout au long d’Iron Man 2. Ce qui était un clin d’œil dans le premier long métrage est devenu durant la période qui sépare la sortie des deux films, un véritable projet cinématographique qui semble avoir échappé à ses créateurs sous l’impulsion du public et des fans assez peu regardants sur l’intérêt de la chose tant que leurs besoins primaires sont comblés. Au final en plus d’être un mauvais film avec des personnages pour le moins stupides et extrêmement mal écrits (Justin Hammer en clone du fils Dassault et Whiplash qui est pas content parce qu’il n’a pas son perroquet) ainsi que des résolutions d’intrigue acadabrantesques et des scènes d’actions aussi peu nombreuses que palpitantes, Iron Man 2 est parasité par une multitude d’éléments servant à introduire les autres films à venir et principalement The Avenger.





Formellement, le film n'est pas si éloigné du premier à la différence que celui-ci avait une scénario bien mieux maitrisé, là où Iron man 2 lance plein de bonnes idées sans jamais aller au bout. La mort programmée de Stark, le S.H.I.E.L.D, la Veuve Noire, Hammer, L'homme Fouet, War Machine et tous les story arc qu'ils entrainent, sont chacune des bonnes idées qui auraient largement suffit pour un film. Mais là non, à vouloir tout traiter on parle de rien. Le plus pitoyable dans le film (et qui commence à devenir une marque de fabrique pour tous les films de ce genre) est qu'on se trouve face à un film qui ne met jamais en avant le caractère super-héroïque du personnage. Tout le film, et le projet Avengers, est ainsi résumé dans la scène avec le bouclier de Cap. Ce qu'on pouvait prendre comme un objet super-héroïque, un symbole puissant de la nature divine et mythique des héros des temps modernes n'est juste bon qu'à faire tenir en équilibre une grosse structure prête à rompre à tout moment.

Quitte à parler d'Iron Man 2, autant le faire avec des images d'un vrai super-héros en action. Histoire de compenser

samedi 15 janvier 2011

The World Greatest Heroes par John Byrne


Depuis bientôt trois mois j’ai de nouveau l’envie d’aligner les mots et de vous faire découvrir mes désirs par le biais du Zocalo. Pourtant je ne vais pas tenir tous les stands tout le temps parce qu’il se trouve que durant mes pérégrinations sur le  net j’ai rencontré des gens dont la connaissance et la passion n’est surpassée que par leur gentillesse. De temps à autre, donc, le Zocalo accueillera des écrits de ces personnes dont la plume vous fera (re)découvrir des œuvres bien mieux que je n’aurais pu le faire.

On commence aujourd’hui avec Flash Gordon (également connu sous le pseudonyme de Hutch) qui m’a autorisé à reprendre trois textes qu’il avait écrit sur un forum suite à sa relecture d’un run des Fantastic Four. Que ce soit par le biais de dessin animés, de films ridicules ou tout simplement de BD, ces quatre personnages (Mr Fantastic, la Femme Invisible,  la Torche et la Chose) sont connus du plus grand nombre. C’est non seulement une bd d’aventure époustouflante qui nous emmène aux quatre coins du monde et de l’univers, mais c’est également l’œuvre qui créa l’univers Marvel tel que nous le connaissons. Si Stan Lee et Jack Kirby sont les auteurs qui ont donné leurs lettres de noblesses à cette famille de super-héros, d’autres auteurs ont offert aux lecteurs des aventures mémorables. Parmi eux le dessinateur/scénariste John Byrne, célèbre notamment pour son duo avec Chris Claremont sur les X-men, offrit un run d’une qualité remarquable. C’est de celui-ci que Flash nous parle maintenant.

C'est novembre, alors j'hiberne. Du coup, j'ai ressorti de mes cartons les FF de John Byrne avec la légère crainte d'un effet duschmoll...Bien heureusement ces craintes étaient infondées, ça cartonne. Déjà ça file à 100 à l'heure. Grosse Tête a toujours sous le coude trois intrigues en place pour un seul épisode, ce qui lui permet d'en bâcler certaines pour en privilégier d'autres et d'alterner entre l'impro et le plan quinquennal d'évolution de la série. Du coup, même un épisode faiblard comme celui où l'on découvre la légendaire Tante Pétunia, la description de celle-ci et des rapports familiaux avec Ben permettent de dynamiser une histoire de ville hantée un poil tarmoule. La première période de la série (jusqu'au n° 250, en gros) est ainsi une suite de one-shots ou de sagas en deux parties, dans lesquelles la continuité et la refonte des intrigues comme de la supporting cast se font en sous-main. On note que pour contrevenir à la règle du Big Boss Jim Shooter, qui avait mis un véto sur les arcs en trois parties, Byrne a habilement remanié la dernière partie de "sa" trilogie Galactus en faisant de son climax un flash-back plus intimiste. L'autre caractéristique de cette direction éditoriale réside dans la fortification de l'univers partagé : les FF étant centraux, Byrne s'amuse à dérouler la liste des guest-stars de la firme.


Ce qui ressort des premiers épisodes de Byrne, surtout lorsque l'on les compare à d'autres séries du bonhomme, c'est le réel intérêt (on peut même parler d'amour) pour les FF et leur univers. Avant les FF, Byrne se prenait pour Neal Adams, sous les ordres duquel il avait bossé dans les 70’s. Avec son arrivée sur le titre, il va commencer à se prendre pour l'héritier du King... ou plutôt de Lee&Kirby : on remarque que le titre reprend la forme des premiers épisodes, avec parfois deux histoires courtes dans un même numéro, ou un chapitrage avec titres tonitruants dans d'autres. De plus, Byrne utilise les uniformes de départ et passe en revue toutes les figures de la période classique : Diablo, Galactus, Black Panther, le Maître des Maléfices etc. D'un côté, il limite ses propres inventions, d'un autre, il fait montre d'un réel désir de revenir aux fondamentaux tout en les teintant d'un ancrage plus adulte et plus contemporain. C'est sur ce point que son run est clairement réussi : de par son style, opérant un grand écart entre cartoon et réalisme, il parvient à faire rencontrer les Fantastic Four avec d'autres influences graphiques et historiques. Ainsi, deux épisodes, celui concernant l'homme le plus puissant du monde, et celui sur le condamné à mort, évoquent respectivement Will Eisner et les EC Comics. Byrne y développe également des effets hérités de Dick Sprang, dans la création de personnages secondaires ou le relooking  discret des Quatre héros  : Red Richards affiche un front démesuré et Jane adopte une coiffure rétro. C'est par ailleurs la chouchou de Byrne qui n'hésite pas à la croquer d'une seule main et à la désaper plus que de raison. Mais il en profite également pour faire mûrir la donzelle qui d'otage professionnelle devient une héroïne en soi.

En fait, Byrne emprunte le chemin inverse de Mark Waid qui n'hésitera pas dans son manifeste du début des années 2000, à se foutre de la gueule de son prédécesseur et de son utilisation de Diablo. Cette contestation est logique, tant Byrne part du dessin, tandis que Waid se base sur l'écrit, pour caractériser ses personnages. Si Waid décortique la dynamique familiale, Byrne se sert des qualités graphiques des héros et les relie dès le départ aux formes élémentales. C'est pourquoi, la première partie passe par des changements physiques visant ensuite une évolution psychologique : Ben reprend sa peau de saurien des origines et révèle son inconscient (Ben désire rester la Chose pour garder Alicia), et le pouvoir de Jane, autrefois dessiné en pointillés, témoigne de la solidité de son caractère en étant dessiné en traits pleins. La maîtrise du démiurge Byrne de toutes les étapes de la confection (dont l'encrage qu'il reprend au vétéran Joe Sinnott), tant décriée par certains critiques, est en fait ce qui fait la force de son run, au même titre que le DD de Miller et le Thor de Simonson (les autres sommets du triangle terrible du Marvel période Shooter). Une vraie personnalité se dégage enfin d'un titre vivant dans les 70s sur les acquis du passé : si Byrne n'invente pas ou peu, il évite les figures devenues imposées (séparation de Jane et Red, Ben qui redevient humain, dissolution des FF) mais va pour le coup en créer d'autres (le deuxième enfant des Richards, la profusion des vrais-faux Dooms, la lignée Richard, les crises d'autorité de Jane). Un prix à payer afin qu'il dépoussière les héros en les faisant évoluer.





J'en étais donc aux épisodes de la Zone Négative, dont le fameux épisode en "format à l'italienne" -qui ne sert à rien mais bon, Byrne est comme ça, des fois il fait un caca nerveux formel-, qui dans mon souvenir étaient moyen plus. En fait, ils sont très bien, très marqués par la série originale de Star Trek (l'une des grosses influences de Byrne : j'ai remarqué également un écho à La Colère de Khan mais je ne me souviens plus de l'épisode) et SURTOUT, lorsque l'on lit les épisodes dans la foulée, on s'aperçoit que Byrne élabore un arc énorme qui va durer jusqu'au planant épisode 262 (le procès de Red Richard). Byrne est totalement en contrôle de la série et se permet tout (et certains, les sots, diront n'importe quoi) avec le quatuor de base et n'hésite pas ainsi à faire se chevaucher les intrigues, à utiliser des flash backs et à faire se conclure cette première grande partie du run dans une conclusion qui utilise toute l'immensité de l'univers Marvel afin de révéler le secret de l'existence (ou du moins la vision athée de Byrne, également emprunte de la philosophie zen de son paternel). C'est donc une succession de changements (les costumes des FF et le temps passé dans la zone), de morts (celle de Fatalis) et de prix à payer. La construction de Byrne est encore plus audacieuse aujourd'hui, en ces temps de TPB : il place les n° 257 et 262 autour de la destruction de l'empire skrull, intercale un interlude consacré à Fatalis dans le n° 258, et gicle Red durant quatre épisodes, tandis que ses acolytes affrontent Terrax. Byrne joue avec la temporalité fluctuante des comics tout en tenant à y intégrer une chronologie pensée. Surtout il accouche d'une deuxième phase de son run à l'opposée de la première, séparée en épisodes simples. Ici, il rend beaucoup plus visible ses partis-pris sur les personnages et leur évolution tout en réussissant une escalade dans les enjeux (retrouver leur dimension => combattre Annihilus  => affronter Fatalis ET Terrax => sauver Red du procès). Le revers, logique, est que la lecture y gagne, plus qu'auparavant, en continu, mais ces numéros sont encore réalisés "à l'ancienne" avec résumés et références, ce qui rend le tout comestible.





Après ce festival, Byrne va quelque peu merdouiller au cours de l'année 1984. Du n° 263 au 270, Byrne va aligner les numéros anecdotiques (l'arc où il se fout de la gueule de Neal Adams et de sa théorie de la "Terre Gonflable"), couillons (le masque de Fatalis qui attaque l'équipe) ou tout simplement mauvais (le nanaresque Terminus, un sous-Galactus de troisième ordre). De plus, même les one-shot sentent le pâté que ce soit le fill-in débile dessiné par Kerry Gammill et consacré à la Chose, qui aurait même fait tâche du temps des Marvel Two-In-One, ou l'expérimentation foirée du n°265 (une courte histoire en vue subjective). Pour autant, tout n'est pas à jeter dans cette période de transition : Byrne y bâcle l'action mais y soigne la caractérisation. Il profite ainsi du cross-over des Guerres Secrètes pour modifier un casting avec lequel on le sentait de plus en plus fatigué. Il en profite ainsi pour inclure sa chère Miss Hulk, qu'il pique à son pote Roger Stern, et Wyatt Wingfoot, le chef indien/quarterback/aventurier/tombeur de la miss sus-nommée. Surtout, il affirme le personnage d'Alicia qui d'utilité embarrassante condamnée à ne prononcer que deux phrases ("Ben, j'ai peur" et "Ben, je t'aime pour ce que tu es") en véritable femme, objet et maîtresse de ses désirs. C'est dans les scénettes intimes que Byrne se surpasse durant cette période. Enfin, il réussit de bout en bout un sublime épisode : le n° 267 qui se termine sur un sujet des plus sensibles. C'est avec une équipe remaniée et revigorée que Byrne attaque la dernière période de son run et l'entame avec l'anniversaire de Red Richard...


 Donc fin du run de Big Byrne sur les FF : le scénariste-dessinateur retrouve la patate durant les vingt derniers numéros, notamment grâce à la refonte de l'équipe et l'injonction de Miss Hulk qui remplace avantageusement la Chose, partie se friter dans son propre titre : elle écope même de son propre one-shot qui anticipe sa série régulière. Byrne alterne entre les différents membres du quatuor : il continue de solidifier le personnage de l'Invisible qui passe de "Girl" à "Woman", la romance entre Alicia et Johnny, et même Red qui est sans répit mis en difficulté par les ennemis du groupe afin d'éliminer ce pivot. Au niveau de l'action, Byrne renoue avec les voyages dans le temps. Ici, réside le lien entre les différentes aventures du groupe : découverte de réalités alternatives, manipulations du Beyonder dans la continuité, retour en 1936 (repompe de "City on the Edge of forever" mâtiné de Ubik). Seule la lutte contre Mephisto échappe à cette thématique, même si Byrne y ajoute un formalisme qui montre en parallèle le Jugement dernier (première moitié haute de la page) et la confrontation du triangle Chose/Alicia/Johnny (moitié basse). Car le dessin, après l'encrage grassouillet de la période précédente, retrouve également de sa superbe. Byrne partage enfin la réalisation avec les encreurs Jerry Ordway, Joe Sinnott et Al Gordon, qui embellissent considérablement le rendu (notamment Ordway qui rend un boulot brillant dans les épisodes des émeutes raciales à NY). Malheureusement, Byrne s'engueule de plus en plus avec ses collaborateurs, notamment Jim Shooter qui impose son Beyonder dans des scripts peu appropriés. Il lâche l'affaire comme un sagouin après un épisode intitulé "Central City ne répond plus", conçu comme un foutage de gueule autour d'un secret de mystère d'une énigme qui n'est jamais nommée ni décrite. A charge à Roger Stern de rattraper le merdier dans les épisodes suivants. En tout cas, je ne regrette pas la redécouverte : excepté le coup de mou du milieu, j'ai englouti le tout sans ennui. Même l'épisode lacrymal du garçon fan de la Torche, est bien passé, malgré un final bazardé.

Poutain, des fois, le comic-book c'est génial.

Flash Gordon